Salut mon p’tit! Dans cet article je vais te présenter mon expérience et mes endroits préférés de l’Irlande du Nord, où j’ai vécu trois ans.
Tu connais sans doute l’Irlande, les farfadets, la Saint Patrick, toussa toussa. Tu as sans doute déjà festoyé à Temple Bar à Dublin. Mais as-tu déjà visité l’Irlande du Nord? Cette partie de l’ile fait encore partie du Royaume Uni et résiste encore et toujours à l’envahisseur est étrangement boycottée par les Irlandais eux-mêmes (« C’est pas l’Irlande »).
En effet, les comtés d’Antrim, Armagh, Tyrone, Fermanagh, Derry et Down, sont plus communément appelés par les autochtones irlandais « The forgotten 6 counties ». Ceux-ci se sont vus privés de l’opportunité d’indépendance, du fait de l’importance de la population britannique sur les lieux, au moment de l’octroi de ladite indépendance.
Caractéristiques sociétales
Alors que la République d’Irlande s’est relevée et développée, le nord est resté dans un semi-chaos de guerre civile, et cela jusque dans les années 90 (nonante, mon p’tit, je suis belge). Curieusement, il subsiste encore un reliquat d’animosité entre Britanniques protestants et Irlandais catholiques. Ceci s’observe plus particulièrement à Belfast, entre les zones est (protestante) et ouest (catholique) de la ville, entre lesquelles un mur, « The Peace Wall », empêche les contacts rapprochés. Il va sans dire que les accès de ce mur, laissant passer les voitures en plein jour, sont fermés le soir dès 18h. En outre, ces quartier sont très mal fréquentés et des bombes à pétroles sont régulièrement balancées de part et d’autre du mur.
Vue de Shankill Road, zone est
Par ailleurs, je n’oublierai sans doute jamais les 12 juillet, Orangemen’s Day, passés en Irlande du Nord, à entendre les tambours de l’Ordre d’Orange, foncièrement anti-irlandais, et ses membres se livrer à des chants prônant la mort des Irlandais et des catholiques, pendant qu’ils brulaient des feux de joie (« bonfires ») avec des photos du pape et des drapeaux de l’Irlande plantés dessus. Ceci se produit partout en Irlande du Nord, sauf dans les zones dites « républicaines » (extrémistes irlandaises, pro République d’Irlande).
Je vois tout à fait l’intérêt de célébrer la bataille de la Boyne opposant un roi protestant, Guillaume III d’Orange-Nassau, à l’ancien roi catholique, Jacques II. Cependant, cette bataille a été remportée par Gui-Gui avec l’aide du pape… Je ne comprends donc pas pourquoi cette célébration a été détournée pour devenir un hymne à la haine envers les Irlandais.
C’est dans ce cadre idyllique, à Belfast, que j’ai décidé d’emménager, de poursuivre mes études et, finalement, travailler.
Bon clairement, quand j’ai appris la chose à mes parents, ils ont un peu paniqué. En mode « mais c’est la jungle là-bas, c’est dangereux! Il y a des attentats ». Effectivement, il y a eu des attentats. Il y a eu des jours où je n’ai pas pu prendre de bus ou de taxi, parce que la nouvelle IRA (Irish Republican Army, les Irlandais rebels quoi) placait des bombes dedans. Il y a eu des émeutes, beaucoup d’émeutes. Surtout quand ils ont décidé de retirer le drapeau britannique « Union Jack » (« the fleg », avec leur accent) de l’hôtel de ville, pour ne le hisser que lors de fêtes nationales. Les bus que je prenais ont été bloqués par les émeutes. Des loyalistes (à la couronne d’Angleterre, donc) étaient régulièrement assassinés. Des hélicoptères survolaient la ville… Enfin soit, un gentil climat d’insécurité m’a gentiment envahie au cours de mes 6 premiers mois sur place.
Pourtant, grâce à mes amis, j’ai découvert d’autres aspects de la culture nord-irlandaise et irlandaise. Je me suis fait des amis dans les deux « camps », bien que je n’aime pas les généralités et que si animosité il y a, elle touche généralement la classe ouvrière, sans vouloir discriminer.
Nous nous rendions dans des bars républicains, chanter des chansons rebelles interdites (oui, ça existe encore), « Some say the Devil is dead », par exemple, et portions du vert lors de la Saint-Patrick. Plus d’une fois, on a dû me dire de me taire et de ne pas poser de question sur leur culture à voix haute, dans les lieux publics. Mais, mis à part cette rivalité, en Irlande du Nord, il y a un côté paradoxalement accueillant, chaleureux et bienveillant chez les habitants de cette région.
Paysages et lieux notables
Les paysages de l’Irlande du Nord sont magnifiques et à couper le souffle (littéralement, à cause du vent). On retrouve les collines vertes et des routes plus étroites, sinueuses et vallonnées que des montagnes russes. De plus, il y a les Mourne Mountains, qui donnent à cette région un cachet « Seigneur des Anneaux ». Genre tu te sens comme chez toi, puis tu regardes par la fenêtre et tu es immédiatement dépaysé(e). Des moutons à profusion, aussi…
County Down, April 2012
The Giant’s Causeway
A la pointe Nord du comté d’Antrim, il y a la Chaussée des géants. Kézako? Il s’agit d’un relief géographique naturel particulier, fait de tiges de pierre de forme hexagonale. Ce relief se retrouve, également, juste en face, de l’autre côté de la mer, en Écosse. Si t’as de la chance, tu peux même voir des phoques nager. Idyllique, j’te dis.
Giant’s Causeway, Antrim, April 2012
Selon la légende, il y avait deux géants ennemis, un Irlandais et un Écossais. L’Écossais passait son temps à dire que l’autre n’était qu’une petite poule mouillée. Pour retrouver son honneur, l’Irlandais provoqua son ennemi en duel. L’Écossais aurait jeté des pierres sur son chemin pour traverser la mer et venir à la rencontre de celui-ci. A la vue de son ennemi, l’Irlandais aurait paniqué face à son imposante taille, et aurait été demander conseil à sa femme. La brave dame lui dit de se déguiser en bébé. Il le fit et l’Écossais, constatant la taille imposante du bébé, aurait pris peur, ne sachant à quoi ressemblerait le père d’un tel bébé, et s’en serait retourné en Écosse en détruisant le pont de pierre sur son passage.
L’endroit est magnifique, bien qu’il faille éviter d’y aller sans un gros pull. Par ailleurs, il est pratiquement impossible d’apercevoir quoi que ce soit en automne et en hiver. Les falaises sont à tomber par terre (no pun intended).
Carrick-a-rede rope bridge, October 2012
La route qui longe la côte jusqu’à la pointe nord, la Causeway Coastal Route, offre une vue magnifique à qui l’emprunte, sur la campagne environnante et les falaises. Il y a également un pont suspendu entre deux falaises, à Carrick-a-rede, que l’on peut traverser si l’envie nous prend.
Newcastle
Parmi mes villes préférées en Irlande du Nord, il y a Newcastle. C’est une jolie ville aux maisons colorées face à la mer, près de Murlough Beach. A l’arrière-plan, on aperçoit les Mourne Mountains.
Newcastle, May 2013 (oui, je me les gèle)
Murlough beach
Entre Newcastle et Dundrum, Murlough beach est une réserve naturelle protégée. Au moindre rayon de soleil et/ou quand il fait chaud (25° max, faut pas rêver plus), la population locale prend la plage d’assaut. J’avais l’habitude de marcher jusqu’à Newcastle et de m’offrir une crème glacée chez Maud’s café.
Murlough beach, Juin 2013
Castlewellan Park
Parmi les parcs que j’ai le plus appréciés, il y a Castlewellan Park et Tollymore Park. Dans le premier, il y a une belle vue autour d’un lac et un château que l’on aperçoit au fond de la vallée. Ce park se situe, attention Captain Obvious, à Castlewellan, dans le comté de Down. La population locale s’entraine au Hurling ou au Gaelic football sur les plaines et coure autour du lac. En outre, il y a un camping plébiscité à l’intérieur du park.
Castlewellan Park, Juin 2013 – C’est joli tout plein!
Cloughmore stone
Ce site se situe à Rostrevor, un village à la frontière entre Irlande du Nord et la République d’Irlande. On voit d’ailleurs la République, par-delà l’estuaire. Un chemin mène à la Cloughmore Stone ou Big Stone, énorme pierre de 50 tonnes posée sur le sommet de la montagne. Un autre géant aurait balancé la pierre par dessus l’estuaire de Carlingford Lough, pour la petite histoire. En fait, il s’agit d’une pierre d’Écosse, déplacée au cours de l’ère glaciaire, au moment de la fonte des fjords. On voit d’ailleurs la pierre depuis Warrenpoint, une autre magnifique ville à la naissance de l’estuaire.
Rostrevor, Cloughmore Stone, May 2013
J’ai, bien entendu, visité énormément d’endroits, mais ces lieux sont ceux qui sont chers à mon cœur.
Et toi, mon p’tit? Tu as déjà visité ces endroits?
Crédit photo à la Une: iStock
Crédit photo: Laura Fontalba